INTERLUDE
Ah, ça fait drôle de penser qu'il y a un an, je n'en menais pas large, avec 4 de tension ! Quelle nuit ! Toutes les dix minutes l'appareil qui prenait ma tension faisait d'énormes bip-bip et quand tout s'est calmé, le bébé d'à côté (Thomas je crois) s'est mis à hurler.
Cependant, je garde un souvenir enchanteur du 16 mai 2002. Je m'étais réveillée vers 6 heures le matin en regardant passer les avions et en me demandant si Honoré n'était pas dans l'un d'entre eux. Je savais qu'il avait eu son visa la veille et s'apprêtait à prendre l'avion, mais je ne connaissais pas l'heure. Je me suis demandée si ce soir nous ne serions pas les trois à Orsay : lui, moi, le bébé. Cette image m'a semblée sortir d'un conte de fée. Je me souviens ensuite que je n'arrivais pas à avaler le moindre verre d'eau. J'ai commencé à ressentir des contractions mais c'était supportable. Je crois que j'ai envisagé de prendre un comprimé de spasfon mais que je l'ai vomi peu après. Je notais l'heure des contractions et me balladais dès que ça devenait un peu pénible. Sinon, j'étais assise sur une chaise au balcon, profitant du soleil et guettant l'arrivée éventuelle d'Honoré. J'avais envie qu'il arrive avant de partir à la maternité.
Finalement, j'ai appelé un taxi vers 10 heures après avoir arrosé les géraniums sur le balcon. Arrivée à la maternité, une sage-femme assez agée m'a oscultée après m'avoir fait remarqué que je n'avais pas les traits tirés d'une femme souffrant de contractions. "Vous en êtes à 3cm. Est-ce que vous avez envie d'accoucher aujourd'hui ? Si oui, on va percer la poche des eaux." J'ai répondu que oui, pourquoi pas, après tout, que ce soit aujourd'hui ou demain...
Elle m'a installée dans une salle et a branché divers appareils. Jusqu'à midi, j'ai pu comparer les courbes qui sortaient et les contractions que je ressentais. La tension était normale... et je crois que j'étais surtout intéressée par tout l'appareillage électronique. Je pensais aussi aux copains de Lyon qui devaient se trouver à la terrasse du kébab du Tonkin. L'anesthésiste est venu vers 14 heures pour la péridurale. La sage-femme a percé la poche des eaux tout en me faisant remarquer que c'était bien ouvert et que j'aurais de toute façon accouché aujourd'hui.
Ensuite, j'ai l'impression d'avoir passé l'après-midi à papoter avec une autre sage-femme et une ékève infirmière qui allait assister à son premier accouchement. Nous avons discuté de l'Afrique. la sage-femme connaissait bien le Sénégal. Son service s'arrêtait à 17 heures, mais elle était persuadée que j'allais accoucher avant. Effectivement, Sonia est née à 16h43. Je me souviens de l'étudiant qui voyait les cheveux du bébé alors qu'il n'était pas encore sorti. Je me souviens des difficultés que j'avais à pousser, n'ayant pas suivi de préparation à l'accouchement puisque la maternité était en manque de personnel à ce moment là. Finalement, il a fallu utiliser les forceps. J'entends encore le "clac" des ciseaux du chirurgien pour ouvrir le passage... En enfin, Sonia couchée sur mon ventre, cherchant mon sein. Puis, j'ai entendu la voix d'Honoré dans le couloir. Il devait être 19 heures. Nous étions les trois à Orsay comme je l'avais imaginé ce matin. Le bonheur, quoi...