13.4.03

MARIUS, EMMA, INES et les autres

Il m'arrive souvent de trouver Sonia d'une incroyable sagesse. Ce fut le cas dès le matin où elle a tranquillement joué. Cette après-midi, nous sommes parties au grand parc vers 14h30. Nous avons pris la grand poussette et non la poussette canne. Tout d'abord parce qu'elle a les roues d'un 4x4 ce qui est bien pratique pour traverser la ville sans faire de détours à cause des travaux. Elle est aussi plus confortable avec capot pour se protéger du vent (ou du soleil) et possibilité de position allongée.
Le temps était beau mais il y avait tellement de vent ce matin que les bodies et autres bavoirs ont séché en à peine deux heures sur le balcon. J'avais habillé Sonia assez légérement d'un ensemble rose fleuri et de sa veste verte imperméable.
A peine arrivées au parc, je me suis rendue compte que le haut de son imperméable était trempé. Elle l'avait sucé pendant tout le trajet ! Bien sûr, j'avais oublié de prendre une veste de rechange. Je lui ai donc enlevé lors de la première escapade dans l'immense prairie couverte de paquerettes, histoire qu'elle sèche un peu. Après quelques pas, Sonia s'est assise près d'un pissenlit et s'est amusée à arracher un peu d'herbe. Nous serions restées plus longtemps si je n'avais vu un berger allemand filer à vive allure le long de l'étang. Sa maîtresse était un peu en retrait mais mieux vaut être prudent ! Heureusement que les chiens doivent être tenus en laisse de 8h30 à 20h30...
Nous avons rejoint le chemin goudronné, pris à gauche pour atteindre plus vite l'étang. Deux dames âgées qui nous ont croisé chaudement vêtue ont jeté un regard critique. Oui... je sais... je devrais habiller un peu plus ma fille... Mais bon, mieux vaut n'avoir qu'une épaisseur sèche que deux mouillées. De toute façon, elle n'a pratiquement pas été malade pendant tout l'hiver contrairement à beaucoup de bébés dont les yeux émergent à peine des multiples strates de vêtements.
Nous nous sommes arrêtées au pied d'un chemin de terre qui montait dans la forêt. Des planches de bois tenues par un petit rondin à chaque extrémité faisaient office d'escalier, ce qui amuse beaucoup Sonia en ce moment. Dès qu'elle voit un objet sur lequel elle peut monter, elle ne s'en prive pas. Nous nous sommes assises en haut de la troisième marche. Il y avait d'intéressants cailloux qui méritaient une grande attention. Quel plaisir de les lancer et de calculer leur trajectoire pour mieux les ramasser ! Nous sommes redescendues vers la poussette, mot que Sonia comprends très bien maintenant, puisqu'elle s'est dirigée au bon endroit. Nous avons enfilé la veste, regardé deux enfants faire la course en roller avant de poursuivre notre route.
Un peu plus loin, deux oies discutaient dans l'étang, chacune montée sur une pierre. Sonia les a regardé avec étonnement se relever, secouer des ailes, puis replonger le bec dans l'eau. Quel spectacle !
Une dizaine de minutes plus tard, nous avons poursuivi notre périple. Après quelques haltes plus brèves, nous sommes arrivées dans le petit bosquet de saules pleureurs. Là, c'est un baton qui a intéressé Sonia, assise au milieu d'un carré d'herbe. Elle a éclaté de rire lorsque j'ai fait mine de lui prendre dans sa main en le secouant. Elle me l'a donné, mais pour enfiler dans sa bouche quelques feuilles ramassées à la va-vite. Lorsque j'ai dit "non, non, non..." et que j'ai essuyé un bout d'herbe sur le bout de ses lèvres, elle m'a regardée en souriant... Je vous ai compris ! Nous avons utilisé la fonction 4x4 de la poussette pour traverser le pré et atteindre directement un étrange terrain de jeu au milieu des bois.
Nous nous sommes assise sur un banc pour regarder quelques tarzans suspendus à une échelle. Puis nous nous sommes approchées malgrés la quantité incroyable de choses intéressantes au sol. Après quelques tentatives d'escalades, nous sommes arrivées près de la maison d'Emma, où sa gentille maman nous a fait la causette.
"Quel âge a-t-elle ?
- 11 mois...
- Oh, elle n'est pas en retard !
- Il faut encore bien la tenir. Elle ne marche pas encore toute seule.
- La mienne a marché à 20 mois. Oh, ça dépend des enfants, vous savez. Comment s'appelle-t-elle ?
- Sonia. Mais elle n'a jamais marché à quatre pattes.
- Ma fille non plus"
Emma doit avoir 3 ou 4 ans. Elle a élu domicile sur l'un des jeux en bois, sur une partie en hauteur, abritée par un petit toit. "Oh, le bébé fait des bulles" a-t-elle déclaré un peu plus tard. Effectivement, Sonia bavait un peu. Sa maman avait du lui transmettre sa poésie et son imagination. Près de nous, une petite tête blonde faisait ses premiers pas, solidement tenus par sa maman, peu avenante quand à elle. "Marius !" s'est alors écriée Emma. Mais non, a répondu sa maman, il ne s'appelle certainement pas Marius même si c'est aussi un bébé. Sonia est allé à sa rencontre, ce qui nous a valu une superbe grimace pleine de dents. Un peu étonnée, j'ai demandé son âge "15 mois, mais il a mis ses premières dents à 3 mois !"
Je n'avais pas pris ma montre, mais je sentais que l'heure du goûter devait approcher. Nous avons donc pris le chemin du retour. Nous avons croisé Marc, avec qui j'ai discuté de vacances, de télévision et de guerre en Irak. Sonia nous a écouté avec calme et sagesse, tournant même la tête pour nous voir de temps en temps. La fatigue se faisant sentir, j'ai mis la poussette en position allongée et nous avons pris congé du parc et de Marc. Un peu plus loin, une fillette qui promenait sa poupée dans une mini poussette canne fut curieuse de voir un vrai bébé. Nous avons donc fait une pause mais la gamine semblait surtout intéressée par la sucette de Sonia.
Presque arrivées à la maison, nous avons croisé deux de mes collègues et leur fille Inès, véritable star de 4 ans avec lunettes de soleil rose. Elle poussait aussi un landeau avec un ours en peluche dedans. Pour répondre à la question "est-ce qu'elle marche ?", j'ai sorti Sonia de la poussette. Quelle joie de faire une démonstration ! Qu'est-ce qu'elles sont belles les chaussures brillantes d'Inès ! Mais celle-ci a semble-t-il plutôt eu peur que Sonia lui prenne son landeau. Pensant qu'elle était fatiguée de marcher, j'ai repris Sonia dans mes bras mais elle s'est de suite penchée vers le sol et s'est dirigée vers la maison.
Je l'ai remise dans la poussette. Il était 16h30 lorsque nous avons atteint l'appartement. Nous avons goûté d'une banane et d'un petit suisse. La croyant fatiguée, je l'ai couchée avec moi sur mon lit, mais elle s'est amusée à se tourner dans tous les sens et à se déplacer ainsi. Elle a également martyrisé le pauvre Pollux, l'énorme chien en peluche dans lequel elle adore donner des coups de pied quand elle ne lui arrache pas ses poils. Finalement, elle ne s'est endormie qu'après le bain puis le biberon du soir, mais sans avoir besoin qu'on la berce. Etrange, non ?